Yogi – Illustration d'un manuel, XVIIIème siècle.
UPANISHADS DU YOGA
Yoga Shikha Upanishad
Upanishad sur la pointe ultime du Yoga
Soixante-troisième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Krishna Yajur et classée comme Upanishad du Yoga.
Shikha : « aigrette, toupet, crête » - 1) “touffe sacrificielle” qui est réservée lors de la tonsure du crâne, lors de l'initiation brahmanique; 2) selon la physiologie yoguique, le shikha est l'espace compris entre le brahmarandhra (orifice sur la fontanelle du crâne) et le dvadashanta, chakra situé 12 doigts au-dessus.
Ici, Shikha fait référence à la pointe ultime de la réalisation yoguique, et présente une certaine analogie avec la pointe de la flamme dans le lotus du cœur (Anahata chakra), qui marque l'éveil de la conscience spirituelle, et dont le feu attise l'illumination (épanouissement du Sahasrara et du Dvadashanta chakra).
Dans cet enseignement que donne le Seigneur suprême, Parameshvara, au dieu Brahma, il s'agit de saisir la quintessence du yoga, une fois acquis Jnana, la sagesse toute-connaissance, et les conséquences de la maîtrise du pranayama (épanouissement des chakras, éveil du son intérieur, Nada, et de Kundalini, l'énergie sacrée). L'Upanishad effleure, en un bref rappel, tous les points anatomiques subtils mis en jeu par la méditation profonde, l'éveil de Kundalini et le développement des pouvoirs yoguiques. Il s'agit dès lors de maîtriser la complexité des interactions entre la Maya, enracinée dans le Bindu, le son originel (Nada), les trois semences du AUM (Bijas-racines), et de les transposer jusqu'à la source, l'Embryon d'or d'où sortirent l'univers et ce microcosme qu'est l'être humain. Atteindre à l'état suprême, Para, et s'y maintenir en permanence, voilà la pointe ultime du yoga, voilà la libération absolue. Ce qui est particulier dans cet enseignement, c'est l'accent qu'il met sur la dévotion, d'une part, et sur la nécessité de développer Jnana, d'autre part, au fur et à mesure que l'approche de l'Esprit universel (ParaTattva) se précise. Car « Le yogi qui a maîtrisé tous les enseignements du yoga et qui a un contrôle complet de ses sens parvient à atteindre tout ce qu'il imagine. » D'où la nécessité d'un maître, en qui fusionnent dévotion et Jnana.
La Yoga Shikha Upanishad n'a jamais fait l'objet de commentaires. De plus, il n'en existe aucune version qui soit réputée “authentique”, et j'ai eu la surprise d'en trouver trois, en tous points dissemblables : l'une très longue, avec de longs commentaires mélangés au texte initial, une autre très brève, de dix quatrains, et celle-ci, de longueur intermédiaire. Je donne donc cette traduction pour ce qu'elle est : la version intermédiaire, qui prévaut actuellement, et qui est la plus intéressante. Je la fais suivre de la version brève, de dix quatrains.
Version 1
Om ! Puisse-t-Il nous protéger tous deux !
Puisse-t-Il nous nourrir tous deux !
Puissions-nous travailler conjointement avec une grande énergie,
Que notre étude soit vigoureuse et porte fruit;
Que nous ne nous disputions pas, et que nous ne haïssions personne.
Om ! Que la Paix soit en moi !
Que la Paix gagne mon environnement !
Que la Paix soit en les forces qui agissent sur moi !
Adhyaya I - Chapitre I
1.1: « Tous les êtres vivants sont pris dans les filets de l'illusion. Ô suprême Ishvara (Parameshvara), ô dieu des dieux, comment peuvent-ils atteindre au salut ? Je te prie de me l'enseigner. » À cette question que lui posa Brahma, le Seigneur suprême répondit ce qui suit :
1.2 : « Certains disent que la seule porte de sortie est Jnana, la connaissance. Mais pour obtenir des pouvoirs occultes, la connaissance seule ne suffit pas. Comment la connaissance pourrait-elle mener à la libération sans le yoga ? Il est également vrai que le yoga seul, sans la connaissance, ne mène pas plus à la libération. Aussi celui qui cherche la libération doit-il entreprendre à la fois la quête de la connaissance et la pratique du yoga.
1.3 : De même qu'une ficelle tient un oiseau captif, le mental de tous les êtres vivants est captif. Les enquêtes et les recherches intellectuelles n'affectent en rien les liens qui entravent leur mental. Aussi la seule façon d'obtenir la victoire sur ce mental est-elle de maîtriser son souffle vital (prana). Il n'est pas d'autre option pour maîtriser son souffle vital que le yoga, et il n'est pas d'autres méthodes en dehors de celles révélées par les adeptes (siddhas).
1.4 : Aussi vais-je t'enseigner la pointe ultime du yoga. Elle surplombe toutes les connaissances acquises au moyen de la connaissance. Assieds-toi dans la posture du lotus, ou dans toute autre posture d'assise, concentre-toi en fixant ton regard sur l'arête du nez, détends tes mains et tes pieds, puis médite sur la syllabe sacrée Om en y consacrant toute ta pensée. Celui qui médite continuellement sur le suprême Ishvara deviendra expert en yoga, et le suprême Ishvara lui apparaîtra.
. . .
Version 2
1. Je vais proclamer la pointe ultime du yoga,
Qui est la plus haute connaissance;
Celui qui médite sur cette parole sacrée
N'aura jamais les membres agités de tremblements.
2. Choisissant la posture du lotus ou l'une de ses variantes,
Ou toute autre qui lui sera plus confortable,
Fixant son regard à la pointe du nez,
Mains et pieds rapprochés et joints,
3. Contrôlant son mental de tous côtés,
L'homme sensé méditera,
Sans discontinuer, sur la syllabe Om,
Faisant un autel à la Divinité suprême dans son cœur.
. . . (Upanishad de 7 pages).
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