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UPANISHADS HORS-CANON
Arseya Upanishad Upanishad des anciens Sages
Notes préliminaires : RISHI : 1) Sages de l’ancien temps, à qui a été révélée la Shruti, d'où l'épithète de “Voyants” qui leur est décernée. Au nombre de 7 (Saptarishi), ils sont considérés comme les fondateurs de l’ordre social et de la religion. La liste de ces 7 Rishis fondateurs varie d'une source à l'autre : dans la Brihadaranyaka Upanishad, ce sont les sages Gautama, Bharadvaja, Vishvamitra, Jamadagni, Vasishta, Kashyapa et Atri. Ailleurs, ce sont les sages Vaikhanasa, Vishvamitra, Vasistha, Angiras, Atharvan, Atri et Atharvangiras; on leur ajoute aussi d'éminents rishis, à savoir Daksha, Bhrigu et Narada, représentant les dix patriarches qui furent créés par Svayambhuva Manu, le Manu de notre ère; et il y a encore d'autres variantes notables, selon le Shastra qui les mentionne. 2) sage qui se maintient face à la Vérité, donc toujours inspiré par la sagesse de Brahman.
Un jour, les Rishis s'assemblèrent pour, ensemble, approfondir la Vérité : non pour se réfuter mutuellement, mais pour apprendre la vérité les uns des autres. Le Sage Vishvamitra prit le premier la parole, pour faire part de son savoir : « Ce qui existe sur terre et dans les cieux, qui est immuable, qui n'est contenu en rien mais qui contient tout, qui est semblable à l'Akasha (1) qui, lui aussi, est immuable, n'est contenu en rien mais contient tout, et dans lequel les nuages d'orage, grondant et lançant des éclairs, se manifestent comme le terrible fracas du tonnerre – cela je le connais comme étant Brahman. Car, même si on pouvait consumer cela par le feu, le noyer par l'eau, le capturer et le ligoter de solides liens de cuir, le battre avec des massues de fer, le percer de lances, l'empaler sur des piques, le larder de clous de fer, le recouvrir de boue, le tailler à la hache, et le poignarder droit au cœur, tout cela ne laisserait aucune trace sur lui. Nul ne peut maîtriser cela, nul ne peut aller au-delà de cela. »
Mais le Sage Jamadagni n'approuva pas ce discours, car il pensait que ce qui existe sur terre et dans les cieux est transitoire et limité, car c'est un espace intermédiaire entre la terre et le ciel cosmique. Il dit : « C'est du ciel atmosphérique (2) que tu parles, et je le considère comme étant un pouvoir manifeste de Brahman, mais non Brahman, car ce ciel atmosphérique est contenu en Lui. Celui qui vénère ce monde atmosphérique, lequel est en vérité le pouvoir manifeste de cela et est contenu en lui, est à l'instar de ce monde atmosphérique, contenu à l'intérieur de l'univers et transitoire. Et même, celui qui vénère ce ciel atmosphérique à l'égal de Brahman subit une dégradation de son être, car il vénère le pouvoir manifeste qui est à l'intérieur de Brahman, tout en ignorant le véritable Brahman. »
Et l'autre lui dit alors : « Que connais-tu donc, qui toujours persiste et jamais ne disparaît ? » Jamadagni reprit : « Cela, à l'intérieur duquel se tiennent la terre et les cieux, cela qui a établi par lui-même cette terre et ces cieux mais n'est pas lui-même établi en quelque chose d'autre, cela que l'on ne peut atteindre, pas même voir, et qui n'est entouré par rien d'autre que lui-même – cela, je le connais comme étant Brahman. Car en Lui les luminaires de l'espace céleste effectuent chacun leur révolution, et jamais ils ne disparaissent ni ne chutent, au contraire ils ne dévient jamais de leur orbite et jamais ne s'arrêtent. Et même si l'on devait courir toute sa vie durant, jamais on ne pourrait L'atteindre, pas même Le voir. » Certains dirent “C'est l'Eau (Apas)”, d'autres “Ce sont les Ténèbres (Tamas)”, d'autres encore “C'est la Lumière”, d'autres “C'est le souffle de vie (Prana)”; beaucoup dirent “C'est l'Éther (Akasha)”. Cependant, certains dirent “C'est l'Atman (3).”
Mais le Sage Bharadvaja était en désaccord avec tout ce qui s'était dit, et il prit la parole : « Celui qui se contente de cette connaissance ne peut pas connaître la Réalité suprême; car même cela, que vous connaissez, est transitoire. Car ce qui se trouve à l'intérieur du monde est limité, et par là-même imparfait, et forcément cela rend également limité et donc imparfait ce qui se trouve à l'extérieur du monde. Même cet extérieur du monde, je le considère comme un pouvoir manifeste de Brahman, et non comme Brahman Lui-même; c'est en fait l'espace éthéré (4), qui entoure ce monde et se trouve cependant à l'intérieur de Brahman. Celui qui vénère cet espace éthéré, qui est Son pouvoir manifeste et est contenu en Lui, est lui aussi contenu en Brahman et transitoire. Et celui qui vénère cet espace éthéré comme étant Brahman, commet de ce fait un acte négatif et subit une dégradation de son être. Au contraire, celui qui perçoit cet espace éthéré comme seulement contenu en Brahman et vénère ce dernier, parvient à la plénitude de sa vieillesse et soumet tout à son pouvoir. »
Un autre dit alors : « Que connais-tu donc, qui toujours persiste et jamais ne disparaît ? » Bharadvaja reprit : « Cette lumière qui emplit le disque du Soleil et accomplit perpétuellement sa révolution, qui resplendit et rayonne, qui est d'un éclat extrême et attire toute chose vers soi – cela, je le connais comme étant Brahman. Car elle demeure perpétuellement dans sa nature propre et semble rester la même, vue de près ou de loin, faisant face à toutes les directions; et même si l'on essayait de courir ou sauter pour la saisir, on ne pourrait pas l'atteindre, on ne pourrait pas même s'en approcher. Car, plus on est dans son voisinage, plus elle semble distante, et au contraire, vue de loin, elle semble proche. Nul ne peut conquérir son immensité. » Mais le Sage Gautama ne partageait pas cette opinion, et il déclara : « Même cela est transitoire, car cette lumière ne dure qu'autant qu'elle est en relation à l'orbe solaire. Aussi cette lumière est-elle perçue d'un simple coup d'œil par le sage comme par l'ignorant, par l'homme qui ne pense pas, par le profane, que ces gens habitent sur une île ou une montagne; elle est même perçue par ceux que la révélation des Écritures n'a pas atteints (les peuples appelés Pundrah, Suhmah, Kulumbha, Darada, Barbaraiti, etc.). La lumière de Brahman n'est vraiment pas de cette sorte, car nul ne peut la voir si on ne lui a pas enseigné comment la percevoir. Je considère donc la lumière du Soleil comme un pouvoir manifeste de Brahman. Celui qui sait donc que la lumière du Soleil est un pouvoir manifeste de Brahman et la vénère comme représentant l'Homme cosmique d'or (Purusha) (5), que l'on peut voir au sein de l'orbe solaire, avec sa chevelure d'or et l'éclat doré qui le recouvre jusqu'à la pointe des ongles – celui qui vénère ainsi la lumière, est un grand homme parmi toutes les créatures, il est le fondement et le support de ses semblables, il parvient à la plénitude de sa vieillesse et tout vit dans la protection de son ombre. Le Soleil, lorsqu'il se lève, ne peut surpasser la grandeur de Brahman; il lui reste nettement inférieur et même, il se lève en obéissant à Son ordre. Celui qui pense que le Soleil se lève par son propre pouvoir et le vénère, commet de ce fait un acte négatif et subit une dégradation de son être. Tandis que celui qui sait que cette lumière solaire est un pouvoir manifeste de Brahman et vénère ce dernier, et qui sait que le Soleil se lève sur l'ordre de Brahman, celui-ci pénètre dans la Lumière suprême et parvient à la plénitude de sa vieillesse; et tout vit dans la protection de son ombre. »
Un autre reprit l'enquête : « Que connais-tu donc, qui toujours persiste et jamais ne disparaît ? » Gautama reprit : « Cette lumière étincelante et vibrante, qui paraît proche lorsqu'on la voit de loin, et distante lorsqu'on la voit de près, et dont la vitesse n'est égalée par aucun des corps lancés violemment à toute allure – cela je le connais comme étant Brahman. Un autre répliqua : « Que connais-tu donc, qui toujours persiste et jamais ne disparaît ? » Vasishta réfléchit un moment et reprit : « Cela, dont vous dites « Ce n'est ni ceci, ni cela » (6), c'est Brahman. Ce Brahman est l'Atman, infini, sans âge, illimité; ni extérieur ni intérieur, omniscient, ayant la forme de la lumière, ne connaissant ni faim ni soif; de l'ignorance, Il nous mène à l'autre rive; Il est la lumière dans le cœur; Il est le Seigneur de l'univers, le gouverneur et le souverain de l'univers, et Il est la demeure de l'univers; nul ne peut Le conquérir; Il est la création et la dissolution des créatures; Il est le Gardien de l'univers, digne de louanges.
Les descendants de Kaikeya vénéraient le feu Vaishvanara (7), qui était pour eux l'Atman. De ce fait, ils vénéraient Indra (8) et Lui offraient des sacrifices. Car Il offre son aide à ses hôtes et réclame des sacrifices, car Il est immense et accepte toutes les offrandes; Il est le gardien des créatures, et toutes celles-ci s'approchent de Lui et chantent Ses louanges par les versets du Véda. Son trésor, c'est la Terre entière; c'est Lui qui tua le démon Ahi. Il est dans l'océan, il a le pouvoir d'accorder la prospérité à tout être vivant; celui qui Le connaît, L'invoque avant d'entreprendre toute activité. »
Entendant ces paroles de Vasistha, les Sages adoptèrent sa pensée et convinrent qu'il fallait connaître Brahman. Ils lui offrirent leurs respects sur-le-champ, puis devinrent ses disciples.
Salutations à Agni !
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