Mosquée Siddi Saiyyed à Ahmedabad, au Gujarat : Jali (fenêtre ou écran de pierre à décor ajouré), 1573.
Vue extérieure. Crédit photographique: SK Desai, déc. 2005.
UPANISHADS MAJEURES
Chandogya Upanishad
Upanishad du chantre d'hymnes
Neuvième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Sama Véda et classée comme Upanishad majeure.
Chef-d'œuvre absolu, la Chandogya Upanishad l'est à plus d'un titre : par sa beauté formelle, par la limpidité de son style, par la variété de ses approches et la vivacité des personnages qui – dans un cadre anecdotique parfois savoureux – dialoguent sur des points de doctrine bien précis. On n'y trouvera pas une exposition systématique des moyens menant à la libération, mais une élucidation – à chaque fois plus amplement reprise – de l'identité secrète du chercheur et de l'Atman-Brahman. Aussi ancienne que la Brihadaranyaka, elle est antérieure au Ier millénaire av. J.-C. et se présente comme un recueil de dialogues théologico-philosophiques, aux formules fortes et frappantes, qui ont inspiré de nombreux chercheurs postérieurs : l'auteur des célèbres Brahma Sutras y puisa de copieuses références, pas moins de cent-trente citations ! Shankaracarya avait une profonde admiration pour cette œuvre et en a donné des commentaires passionnés, ardemment polémiques, qui aboutiront à l'élaboration de la doctrine de l'Advaita Védanta.
“Parmi les dix Upanishads majeures, la Chandogya et la Brihadaranyaka surplombent les autres par leur stature majestueuse et leur perfection, et ces deux textes sont considérés par les érudits comme représentant l'aspect cosmique et l'aspect a-cosmique de la Réalité. Dans la Brihadaranyaka, l'accent est mis sur la nature ultra-spirituelle de chaque plan d'existence et de chaque étape de l'évolution, balayant d'un large mouvement tous les phénomènes de l'existence empirique, dans un élan vers la Réalité suprême. Au contraire, la Chandogya se veut plus réaliste, et examine les grandes questions de la vie sous un angle plus neutre. Ce qui a mené au sentiment prédominant que la Chandogya intègre avec bienveillance les formes usuelles de l'expérience, tandis que la Brihadaranyaka vise à les transcender absolument.” (Swami Krishnananda)
Sources : Outre les deux versions citées ci-dessus :
- version de Paul Deussen, reprise par les Prof. V.M. Bedekar et G.B. Palsule, Motilal Barnasidass Publishers, Delhi, 1980, 2004
- version bilingue sanskrit-anglais du Swami Gambhirananda, avec les commentaires de Shri Shankaracarya, 690 p., Advaita Ashrama, Calcutta, 4ème réimpression, 2003
- version sanskrite dite “texte-racine”, la plus ancienne connue, sur laquelle reposent les commentaires classiques (également disponible sur Internet : http://www.sub.uni-goettingen.de/ebene_1/fiindolo/gretil.htm#Upan )
- une autre version sanskrite, ne présentant que de très légères divergences, également disponible sur Internet : http://nitaaiveda.com/All_Scriptures_By_Acharyas/Upanishads/Chandogya_Upanisad.htm
- The Chandogya Upanishad, by Swami Nikhilananda : version partielle bilingue sanskrit-anglais, avec les commentaires du Swami, 313 p., The Divine Life Society, Sivananda Ashram, Rishikesh, 1984 (également disponible sur Internet : http://www.swami-krishnananda.org/chhand_0.html )
Om ! Que mes membres et mon discours, souffle, yeux, oreilles, vitalité
Ainsi que tous mes sens, se développent en force.
Toute existence est le Brahman des Upanishads.
Que jamais je ne renie Brahman, ni que Brahman me renie.
Qu'il n'y ait jamais aucun reniement:
Qu'il n'y ait jamais aucun reniement, en tout cas de ma part.
Puissent les vertus que proclament les Upanishads devenir miennes,
Moi qui suis dévoué à l'Atman; puissent ces vertus résider en moi.
Om ! Que la paix soit en moi !
Que la paix gagne mon environnement !
Que la paix soit en les forces qui agissent sur moi !
SOMMAIRE
PREMIER CHAPITRE
Première section : Méditation sur la syllabe Om
Deuxième section : Méditation sur l'Udgitha (Om) comme Prana
Troisième section : Méditation sur l'Udgitha comme Soleil et sur Vyana
Quatrième section : Méditation sur Om comme immortalité et quiétude
Cinquième section : Méditation sur Om comme Soleil et Prana
Sixième section : L'Être lumineux du soleil
Septième section : L'Être lumineux de l'œil
Huitième section : Histoire de Pravahana (I)
Neuvième section : Histoire de Pravahana (II)
Dixième section : Histoire d'Ushasti (I)
Onzième section : Histoire d'Ushasti (II)
Douzième section : L'Udgitha des chiens
Treizième section : Sens occulte des treize syllabes (Stobha)
DEUXIÈME CHAPITRE
Première section : Méditation sur le quintuple Saman (I)
Deuxième section : Méditation sur le quintuple Saman (II)
Troisième section : Méditation sur le quintuple Saman comme pluie
Quatrième section : Méditation sur le quintuple Saman comme eau
Cinquième section : Méditation sur le quintuple Saman comme les saisons
Sixième section : Méditation sur le quintuple Saman comme les animaux
Septième section : Méditation sur le quintuple Saman comme les cinq sens
Huitième section : Méditation sur le septuple Saman comme la Parole
Neuvième section : Méditation sur le septuple Saman comme Soleil
Dixième section : Méditation sur le septuple Saman et le nombre de syllabes
Onzième section : Méditation sur le Gayatra Saman
Douzième section : Méditation sur le Rathantara Saman
Treizième section : Méditation sur le Vamadevya Saman
Quatorzième section : Méditation sur le Brihat Saman
Quinzième section : Méditation sur le Vairupa Saman
Seizième section : Méditation sur le Vairaja Saman
Dix-septième section : Méditation sur le Shakvari Saman
Dix-huitième section : Méditation sur le Revati Saman
Dix-neuvième section : Méditation sur le Yajnayajniya Saman
Vingtième section : Méditation sur le Rajana Saman
Vingt-et-unième section : Méditation sur le Saman comme trame universelle
Vingt-deuxième section : Les modes utilisés dans la psalmodie du Saman
Vingt-troisième section : Louange du Om en dehors de tout rituel
Vingt-quatrième section : Les mondes auxquels parvient le sacrifiant
TROISIÈME CHAPITRE
Première section : La doctrine de miel (Madhu Vidya) du Rig Véda
Deuxième section : La doctrine de miel (Madhu Vidya) du Yajur Véda
Troisième section : La doctrine de miel (Madhu Vidya) du Sama Véda
Quatrième section : La doctrine de miel (Madhu Vidya) de l'Atharva Véda
Cinquième section : La doctrine de miel (suite)
Sixième section : Méditation sur les Vasus
Septième section : Méditation sur les Rudras
Huitième section : Méditation sur les Adityas
Neuvième section : Méditation sur les Maruts
Dixième section : Méditation sur les Sadhyas
Onzième section : Effets de la méditation sur la doctrine de miel
Douzième section : Méditation sur la Gayatri
Treizième section : Méditation sur les Gardiens du seuil
Quatorzième section : La doctrine de Sandilya
Quinzième section : Méditation sur l'Univers comme cassette à trésor
Seizième section : L'être humain comme sacrifice (I)
Dix-septième section : L'être humain comme sacrifice (II)
Dix-huitième section : Le Mental et l'Akasha comme symboles de Brahman
Dix-neuvième section : Méditation sur le Soleil comme Brahman
QUATRIÈME CHAPITRE
Première section : Histoire de Janashruti et Raikva
Deuxième section : Dialogue entre Janashruti et Raikva (I)
Troisième section : Dialogue entre Janashruti et Raikva (II)
Quatrième section : Histoire de Satyakama
Cinquième section : Enseignement du Taureau
Sixième section : Enseignement du Feu
Septième section : Enseignement du Cygne
Huitième section : Enseignement du Cormoran
Neuvième section : Enseignement du Maître
Dixième section : Histoire d'Upakosala
Onzième section : Enseignement du feu domestique
Douzième section : Enseignement du feu du sud
Treizième section : Enseignement du feu du rituel
Quatorzième section : Dialogue entre le Maître et son disciple
Quinzième section : Enseignement du Maître
Seizième section : Le silence du prêtre de Brahman
Dix-septième section : Pénitences pour les erreurs durant le sacrifice
CINQUIÈME CHAPITRE
Première section : Suprématie du Prana
Deuxième section : Rite de l'offrande de nourriture (Mantha)
Troisième section : Histoire de Śvetaketu et Pravahana
Quatrième section : Les cinq feux (I)
Cinquième section : Les cinq feux (II)
Sixième section : Les cinq feux (III)
Septième section : Les cinq feux (IV)
Huitième section : Les cinq feux (V)
Neuvième section : Naissance et mort
Dixième section : Les sentiers pris après la mort
Onzième section : Sur l'Atman en tant qu'Être universel (Vaishvanara Atman)
Douzième section : La tête de l'Atman
Treizième section : L'œil de l'Atman
Quatorzième section : Le Prana de l'Atman
Quinzième section : Le tronc de l'Atman
Seizième section : La vessie de l'Atman
Dix-septième section : Les pieds de l'Atman
Dix-huitième section : L'Atman comme Totalité
Dix-neuvième section : Accomplir l'Agni Hotra en son Prana
Vingtième section : Vyana, le souffle de distribution
Vingt-et-unième section : Apana, le souffle d'expiration
Vingt-deuxième section : Samana, le souffle d'assimilation
Vingt-troisième section : Udana, le souffle de cohésion
Vingt-quatrième section : Gloire de l'Agni Hotra
SIXIÈME CHAPITRE
Première section : Non-dualité de l'Atman
Deuxième section : Brahman, cause de l'univers
Troisième section : Triple origine des créatures
Quatrième section : Triple origine des créatures (suite)
Cinquième section : Triple nature de la nourriture
Sixième section : Nature physique du Mental, du Prana et de la Parole
Septième section : Comment le Mental consiste en nourriture
Huitième section : Sommeil, faim, soif et mort
Neuvième section : Absence d'individualité dans le sommeil profond
Dixième section : Absence de conscience d'espèce dans le sommeil profond
Onzième section : L'âme individuelle (Jivatman) impérissable
Douzième section : Naissance du plan grossier à partir du plan subtil
Treizième section : Invisibilité d'un objet existant
Quatorzième section : Moyens de la connaissance de l'Atman
Quinzième section : Libération finale
Seizième section : Libération du Connaisseur de Brahman
SEPTIÈME CHAPITRE
Première section : Dialogue entre Narada et Sanat Kumara
Deuxième section : La Parole comme Brahman
Troisième section : Le Mental comme Brahman
Quatrième section : La Volonté comme Brahman
Cinquième section : L'Intelligence comme Brahman
Sixième section : La Méditation comme Brahman
Septième section : La Compréhension comme Brahman
Huitième section : La Force comme Brahman
Neuvième section : La Nourriture comme Brahman
Dixième section : L'Eau comme Brahman
Onzième section : Le Feu comme Brahman
Douzième section : L'Éther comme Brahman
Treizième section : La Mémoire comme Brahman
Quatorzième section : L'Espoir comme Brahman
Quinzième section : Le Prana comme Brahman
Seizième section : Connaissance de la Vérité
Dix-septième section : Interrelation de la Vérité et de la connaissance
Dix-huitième section : La compréhension dépend de la réflexion
Dix-neuvième section : La réflexion dépend de la foi
Vingtième section : La foi dépend de la constance
Vingt-et-unième section : La constance dépend de la concentration
Vingt-deuxième section : La concentration dépend de la joie
Vingt-troisième section : Infini et joie
Vingt-quatrième section : Infini et fini
Vingt-cinquième section : Enseignement sur l'Infini
Vingt-sixième section : Connaissance de l'Atman
HUITIÈME CHAPITRE
Première section : Brahman dans le cœur
Deuxième section : Désirs comblés par la connaissance de l'Atman
Troisième section : Sérénité de l'Atman et Réalité absolue de Brahman
Quatrième section : Brahman comme barrage protecteur
Cinquième section : Abstinence et célibat
Sixième section : Évolution après la mort chez l'être illuminé
Septième section : Le Purusha de l'œil
Huitième section : La doctrine des démons (Asuras)
Neuvième section : Le reflet de l'Atman est périssable
Dixième section : L'Atman du rêve
Onzième section : L'Atman du sommeil profond
Douzième section : L'Atman désincarné
Treizième section : Un mantra à méditer et répéter
Quatorzième section : Prière de l'homme en quête de la vie éternelle
Quinzième section : Parvenir au séjour de Brahma
Fin de la Chandogya Upanishad
PREMIER CHAPITRE
Première section
Méditation sur la syllabe Om
I-i-1: On doit méditer sur la syllabe Om, qui est l'Udgitha*, car on entame le chant de l'Udgitha en commençant par le Om. En voici l'explication.
* Udgitha : « le Haut-chant » - hymne solaire que chante l'udgatri, le haut-chantre, lors de cérémonies védiques. Dans la Chandogya et d'autres Upanishads, comme dans les Brahma Sutras, l'udgitha est le pranava Om, lancé avec force comme invocation, et le Soleil lui-même entame cette salutation à Brahma, le Créateur, en se levant chaque matin. Une autre lecture le voit comme le prana divin émanant du Créateur.
I-i-2: L'essence de tous ces êtres vivants est la terre. L'essence de la terre est l'eau. L'essence de l'eau est la végétation. L'essence de la végétation est l'homme. L'essence de l'homme est la parole. L'essence de la parole est le Rig Véda. L'essence du Rig est le Sama Véda. L'essence du Sama est l'Udgitha.
I-i-3: Cette syllabe Om qui est appelée l'Udgitha est la quintessence de ces essences, c'est l'essence suprême, qui mérite la place la plus haute, la huitième.*
* De la terre à l'Udgitha, on a dénombré huit essences.
I-i-4: Qu'est-ce que le Rig ? Qu'est-ce que le Sama ? Qu'est-ce que l'Udgitha ? C'est ce que nous allons considérer.
I-i-5: Seule la parole est le Rig. Le souffle vital (prana) est le Sama. La syllabe Om est l'Udgitha. La parole et le souffle vital forment un couple, à la source du Rig et du Sama.
I-i-6: Ce couple trouve son union dans la syllabe Om. Sitôt qu'un couple se rapproche, c'est pour combler les désirs de l'autre.
I-i-7: Celui qui médite sur la syllabe Om comme étant l'Udgitha, et qui la connaît comme ce qui comble tous les désirs, devient lui-même un être qui réalise tous les buts désirables.
I-i-8: Om est en vérité la syllabe de l'assentiment, car lorsqu'on acquiesce à quelque chose, on dit uniquement Om. L'assentiment tend vers la prospérité. Celui qui le sait et médite en conséquence sur la syllabe Om comme étant l'Udgitha, devient véritablement un être qui prospère dans tous les buts désirables.
I-i-9: C'est de là que procède la triple connaissance* : quand le prêtre Adhvaryu** lance un ordre lors d'un sacrifice, il commence par Om; quand le prêtre Hotri récite un hymne, il commence par Om; quand le prêtre Udgatri chante le Sama, il commence par Om. Tout cela est accompli à la gloire de l'Atman impérissable par la majesté de cette syllabe et par sa vertu essentielle.
* la connaissance des trois Védas.
** Adhvaryu : l'un des quatre prêtres officiant dans un sacrifice védique, dont la fonction est le sacrifice lui-même. Le prêtre Hotri est le sacrificateur qui mène la cérémonie en psalmodiant des hymnes du Rig Véda. Le prêtre Udgatri entonne le Haut-chant, tandis que le prêtre Brahman est là pour veiller à ce qu'aucune erreur ne soit commise durant la cérémonie, ce qui infirmerait sa portée magique.
I-i-10: Qui possède cette connaissance et qui ne la possède pas accomplissent tous deux les mêmes rites sacrificiels. Mais différents sont les résultats produits par la connaissance ou l'ignorance. Tout ce qui est accompli avec connaissance, foi et méditation, devient plus puissant dans ses effets. Voilà expliquée la majesté de la syllabe Om.
. . .
Douzième section
L'Udgitha des chiens
I-xii-1: Voici maintenant l'Udgitha telle que la voient les chiens*. Un jour, Baka, fils de Dalbhya, également connu sous le nom de Glava, fils de Maitra, fit une retraite pour étudier les Védas.
* Il s'agit ici d'une satire féroce de la propension des prêtres – que l'on a vus précédemment ânonner leurs hymnes sans en étudier le sens – à considérer l'aspect purement lucratif de leur profession et à mendier avec avidité. Baka, le prêtre de cette anecdote, s'est un peu éloigné du village et s'est installé près d'un point d'eau, comme c'est la règle.
I-xii-2: Un grand chien blanc apparut devant lui, bientôt suivi par des petits chiens qui firent cercle autour de lui et lui demandèrent : « Ô vénérable (chien blanc), nous te prions de chanter un hymne pour obtenir de la nourriture, puis de nous la donner, car nous avons faim. »
I-xii-3: Le chien blanc leur répondit : « Retrouvez-moi ici-même demain matin. » Le sage Baka, fils de Dalbhya, également connu sous le nom de Glava, fils de Maitra, resta sur place pour guetter leur retour.
I-xii-4: Les chiens revinrent à la façon dont les prêtres circulent, se tenant l'un l'autre [par le pan de leur vêtement], lorsqu'ils s'apprêtent à chanter l'hymne Bahishpavamana*. Puis ils s'assirent et psalmodièrent la syllabe Him.
* Bahishpavamana : hymne védique (Pavamana) chanté durant l'extraction du jus de Soma le dernier jour du Soma Yajna, le grand sacrifice du Soma.
I-xii-5: Ensuite, ils se mirent à chanter : « Om ! À manger ! Om ! À boire ! Om ! Que Savitri, le soleil brillant, que Varuna, le faiseur de pluie, et que Prajapati, le seigneur des créatures, amènent ici de la nourriture ! Ò Maître de la nourriture, amène ici de la nourriture, oui, amène-la ! Om ! »
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DEUXIÈME CHAPITRE
Première section
Méditation sur le quintuple Saman (I)
II-i-1: Om ! Méditer sur la totalité du Saman*, c'est méditer sur la totalité du bien. Tout ce qui est le bien, on l'appelle Saman; et tout ce qui ne l'est pas, on l'appelle non-Saman (Asaman).
* Saman : 1) chant védique, psalmodie ou mélodie liturgique, dont les paroles sont généralement un hymne de louanges. Le recueil de ces chants est le Sama Véda, « le Véda des hymnes ». 2) accueil bienveillant, amabilité; négociation, conciliation.
Le mot Saman (habituellement traduit par Sama Véda) va maintenant apparaître sous une diversité d'aspects qui porte à confusion. Non seulement on va l'envisager comme total, quintuple, septuple, présentant dix variantes principales, étant proprement la onzième variante, mais on va l'utiliser avec trois interprétations possibles : 1) ce qui relie, établit une connexion et attache ensemble; 2) qui est obligeant et conciliant; 3) qui procure des avantages, qui est bon, favorable.
II-i-2: Ainsi, lorsqu'on dit “Il s'approcha de lui avec Saman”, on veut simplement dire “Il s'approcha de lui avec courtoisie”. Et lorsqu'on dit “Il s'approcha de lui sans Saman”, on veut simplement dire “Il s'approcha de lui sans courtoisie”.
II-i-3: Ou lorsqu'on dit “Vraiment, c'est du Saman pour nous !”, on veut simplement dire “C'est vraiment bon (bien, avantageux, etc.) pour nous”. Et lorsqu'on dit “Vraiment, ce n'est pas du Saman pour nous !”, on veut simplement dire “C'est vraiment mauvais (mal, désavantageux, etc.) pour nous”.
II-i-4: Vers celui qui possède cette connaissance et médite sur le Saman comme étant le bien, toutes les bonnes qualités afflueront rapidement, oui, elles demeureront en lui.
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Treizième section
Méditation sur le Vamadevya Saman
II-xiii-1: Un homme fait signe à une femme de venir à lui, c'est la syllabe Him; il l'amadoue en lui faisant plaisir, c'est la louange initiale; il l'entraîne dans un lit, c'est l'Udgitha; il fait l'amour avec elle, c'est la formule magique; il parvient à la petite mort (kālam), c'est la conclusion; il est parvenu sur l'autre rive (pāram), c'est encore la conclusion. Tel est le Vamadevya* Saman, qui est étroitement uni à l'acte sexuel.
* Vamadevya : relatif à Vamadeva, l'un des cinq aspects de Shiva, « l'Adorable », dirigeant vers le nord son pouvoir de préservation, associé à Vishnu.
II-xiii-2: Celui qui sait que le Vamadevya Saman est étroitement uni à l'acte sexuel s'adonne à la copulation, il se procrée lui-même à chaque copulation, parvient à une grande longévité, mène une vie rayonnante, se voit pourvu d'un grand nombre d'enfants et de têtes de bétail, ainsi que d'une grande renommée. Pour celui qui médite sur le Vamadevya Saman, l'injonction est “Ne te retire jamais durant l'acte sexuel et ne t'abstiens pas de vie sexuelle”.
. . .
SIXIÈME CHAPITRE
Première section
Non-dualité de l'Atman
VI-i-1: Om ! Vivait autrefois un certain Śvetaketu, petit-fils d'Aruna. Un jour, son père lui dit : « Śvetaketu, va donc mener la vie d'un étudiant en sciences sacrées (Brahmacharin) ! Mon cher fils, dans notre lignée il n'y a jamais eu personne qui, sans avoir étudié les Védas, ait prétendu être un brahmane de naissance. »
VI-i-2-3: Quand il eut douze ans, Śvetaketu alla chez un maître et y étudia les Védas jusqu'à l'âge de vingt-quatre ans. Il en revint plein de vanité, très imbu de son savoir et arrogant. Son père lui dit : « Śvetaketu, mon fils, je vois que tu es vaniteux, arrogant et que tu te considères comme un érudit; mais t'es-tu enquis de cette doctrine grâce à laquelle l'inaudible devient audible, l'impensable devient pensé, et l'inconnu devient connu ? » Śvetaketu demanda : « Mais de quelle doctrine s'agit-il, père ? »
VI-i-4: « Cher enfant, tout comme une seule motte d'argile fait connaître tout ce qui est fait d'argile, toutes les modifications (Vikara) reposent sur la parole et ne sont que des mots. L'argile en soi est la seule réalité.
VI-i-5: Cher enfant, tout comme un seul morceau d'or fait connaître tout ce qui est fait d'or, toutes les modifications reposent sur la parole et ne sont que des mots. L'or en soi est la seule réalité.
VI-i-6: Cher enfant, tout comme un seul ciseau à ongles fait connaître tout ce qui est fait de fer, toutes les modifications reposent sur la parole et ne sont que des mots. Le fer en soi est la seule réalité. »
VI-i-7: — « Certainement, mes maîtres vénérés ne savaient pas cela car, s'ils l'avaient su, pourquoi ne me l'auraient-ils pas enseigné ? Aussi, très cher père, enseigne-le moi ! » — « Qu'il en soit ainsi, cher enfant ! »
Deuxième section
Brahman, cause de l'univers
VI-ii-1: « Au tout début, cher fils, il n'y avait que l'Être (Sat), et uniquement lui, sans second (non-duel). Sur ce point, certains disent : « Au tout début, il n'y avait que le néant, et uniquement lui, sans second. De ce néant est sorti l'être. »
VI-ii-2: Le père continua : « Cher fils, par quelle logique, en vérité, l'être peut-il sortir du néant ? Mais assurément, au commencement, tout ceci était l'Être, et uniquement lui, sans second.
VI-ii-3: Cet Être eut une vision* : « Je vais devenir multitude, je vais engendrer une progéniture. » Et il créa le Feu. Le Feu eut une vision : « Je vais devenir multitude, je vais engendrer une progéniture. » Et il créa l'Eau. C'est pourquoi, lorsqu'on souffre [de la chaleur] et qu'on transpire, cela provient du feu interne. L'eau est indéniablement produite par la chaleur.
* Le terme sanskrit Aikshata signifie voir, entreprendre une visualisation. C'est là l'acte originel: avoir la vision de ce qui doit être et, par la force de la volonté, en susciter l'apparition. De même, aux temps des origines, les Rishis – qui délivrèrent les Védas comme prélude à la civilisation – étaient les Voyants, ceux qui captaient le plan divin par la visualisation et la méditation créatrice.
VI-ii-4: L'Eau eut une vision : « Je vais devenir multitude, je vais me propager. » Et elle créa la nourriture [née de la terre]. C'est pourquoi, lorsqu'il pleut et là où il pleut, la nourriture devient abondante. La nourriture est indéniablement produite par l'eau.
. . . (Upanishad de 82 pages).
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