Folio 61 du Ramayana de Valmiki – Envoyée par Indra, la nymphe Rambha s'approche
du Sage Vishvamitra pour le détourner de son ascèse. Dynastie moghole, fin du 16ème siècle
UPANISHADS GÉNÉRALES
Maitrayani Upanishad
Upanishad de l'école védique de Maitri
Vingt-quatrième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Sama Véda et classée comme Upanishad générale.
Maitri : 1) amitié, doublée d‘un sentiment d‘unité; fraternité; 2) le sage Maitri, “l'Amical”, qui fut l'auteur du Maitrayani Samhita, auquel est adjointe la Maitrayani Upanishad; il fonda une nouvelle école (Shakha) du Krishna Yajur Véda, le Maitrayana, qui est l'une des six écoles védiques du Yajur Véda toujours existantes de nos jours.
Un shakha est une école théologique qui s'est spécialisé dans l'étude approfondie de certains textes des Védas (corpus trop vaste pour être parfaitement maîtrisé dans sa totalité par un seul individu). Le shakha désigne également l'ensemble des textes choisis par une école particulière, auquel cas il est souvent traduit par le terme “recension”. Chaque école étudie un Samhita particulier (soit l'un des quatre Védas), accompagné de son Brahmana (recueil liturgique), de son Aranyaka (“traité des étendues sauvages”), de ses Shrauta sutras (codes de procédure rituelle), de ses Grihya sutras (codes domestiques) et de ses Upanishads. Chaque école théologique développe donc son propre point de vue, dérivé des textes sélectionnés, mais ces différences ne sont pas des divergences, et n'ont pas l'ampleur des différends entre écoles philosophiques (darshana).
Dans la société hindoue traditionnelle, l'affiliation à une école védique précise constitue une donnée importante de l'identité sociale, et de l'appartenance à une sous-caste au sein du système de castes. Ainsi, la caste des Brahmanes (les spécialistes des Brahmanas) présentait des subdivisions importantes, basées sur la branche d'études védiques (Shakha) à laquelle le brahmane est affilié. L'affiliation à telle ou telle branche ne se choisissait pas par goût personnel ou par affinité élective, mais était imposée par la tradition familiale et locale.
Cette Upanishad est apparue sous de nombreux titres : Maitrayana-Brahmaya Upanishad, Maitrayana-Brahmana pour Max Müller, Maitri, Maitrayana ou Maitrayani. Elle est difficile à classer et à dater. Trois certitudes : 1) elle est assez récente pour faire une synthèse aisée des Upanishads anciennes et du bouddhisme; 2) elle est assez ancienne pour mentionner un Yoga à six membres (et non huit, comme le développeront Patanjali et le Samkhya ultérieur); 3) elle n'est ni une Upanishad majeure, ni une mineure, mais pas non plus une Upanishad générale.
Elle se divise en sept leçons ou Prapathakas, toutes consacrées à la recherche de l'Atman et aux rapports entre celui-ci et Brahman. C'est dans le cadre classique d'un dialogue entre un roi et un sage, empruntant de nombreuses citations à d'autres Upanishads, que l'auteur de cette Upanishad développe son étude de l'Atman et de Brahman. Par ailleurs, les citations choisies et les extraits d'autres passages des Écritures, font la part belle aux diverses écoles philosophiques, sans toutefois mentionner leur source ou sans situer clairement le débat (que l'on supposait familier à un auditeur de l'époque). Cela crée un éparpillement des points de vue, une multiplication de concepts plus ou moins équivalents qui se chevauchent constamment, qui élargissent le mode d'approche traditionnel des Upanishads, et peuvent entraîner une certaine confusion pour le lecteur. Mais par l'ampleur des thèmes qu'elle aborde, et par son insistance à forer de multiples approches au mystère de l'Atman, cette Upanishad approfondit – de façon unique et essentielle – les concepts d'Atman et de Brahman, la primauté du Prana dans l'éveil de la conscience, et la fonction réunificatrice du Pranava Om.
SOMMAIRE
PRAPATHAKA UN – LEÇON UN
I.1-4 : Préambule à la connaissance de l'Atman
Misères de la vie dans le corps et dans le monde
PRAPATHAKA DEUX – LEÇON DEUX
II.1-7 : La connaissance de Brahman est le privilège de l'Atman
Comment Prajapati inséra une partie de Lui-même dans le corps humain
PRAPATHAKA TROIS – LEÇON TROIS
III.1-5 : L'âme élémentale (Jiva) et l'Atman ou Purusha intérieur
PRAPATHAKA QUATRE – LEÇON QUATRE
IV.1-6 : Moyens de réunir les deux Atmans
Brahman suprême et Brahman manifesté à travers les divinités
PRAPATHAKA CINQ – LEÇON CINQ
V.1-2 : Hymne à l'Être universel
La Totalité issue de l'Unique, les trois parts de Brahman
PRAPATHAKA SIX – LEÇON SIX
VI.1-8 : Prana et Aditya, le Soleil
VI.9-17 : Sacrifice du Pranagnihotra, et symbolisme occulte de la nourriture
VI.18-30 : Les fruits du Yoga - Libération parfaite de Brihadratha
VI.31-32 : Atman et organes des sens
VI.33-38 : Sacrifice du Pranagnihotra
PRAPATHAKA SEPT – LEÇON SEPT
VII.1-7 : L'Atman, le Soleil universel et ses rayons
VII.8-10 : Polémique contre les hérésies
VII.11 : La syllabe Om dans l'Akasha du cœur
Om ! Que mes membres et mon discours, Prana, yeux, oreilles, vitalité,
Ainsi que tous mes sens, se développent en force.
Toute existence est le Brahman des Upanishads.
Que jamais je ne renie Brahman, ni que Brahman me renie.
Qu'il n'y ait jamais aucun reniement:
Qu'il n'y ait jamais aucun reniement, en tout cas de ma part.
Puissent les vertus que proclament les Upanishads devenir miennes,
Moi qui suis dévoué à l'Atman; puissent ces vertus résider en moi.
Om ! Que la Paix soit en moi !
Que la Paix gagne mon environnement !
Que la Paix soit en les forces qui agissent sur moi !
PRAPATHAKA UN – LEÇON UN
I.1-4 : Préambule à la connaissance de l'Atman
Misères de la vie dans le corps et dans le monde
1. Faire un sacrifice à Brahman, c'est en vérité disposer le feu rituel pour les ancêtres. Aussi, après avoir disposé ce feu, le donateur du sacrifice doit-il méditer sur l'Atman. C'est seulement ainsi que le sacrifice sera complet et parfait. — Mais sur quoi l'homme doit-il méditer ? — Sur ce qu'on appelle le souffle de vie, Prana. À ce sujet, on trouve le récit suivant.
2. Il advint qu'un roi du nom de Brihadratha, après avoir établi son fils à la tête de son royaume, prit la voie du renoncement, sachant que ce corps est voué à la mort; il prit donc le chemin des ermites forestiers (aranyaka). Là, il s'engagea dans la plus haute des ascèses et demeura sur place à fixer le soleil, les bras haut levés. Au bout de mille jours, s'approcha de lui Shakayanya, le grand sage libéré des souffrances, semblable à une flamme se consumant sans fumée, dont l'éclat était éblouissant, et qui possédait la connaissance de l'Atman. « Lève-toi, lève-toi et choisis un vœu, dit-il au roi. Celui-ci lui témoigna les marques de respect requises, le salua et répondit : — Ô vénérable sage, je n'ai aucune connaissance sur l'Atman ! Nous croyons que tu connais sa nature essentielle. Je t'en prie, explique-la à notre intention. — Oh ! Mais cela se passait il y a bien longtemps*. Il est pratiquement impossible de répondre à telle question. Ô rejeton d'Ikshivaku, choisis-toi donc un autre vœu ! » dit Shakayanya. Alors le roi se prosterna devant le sage, posa sa tête sur ses pieds, et déclama la complainte suivante :
* C'est à dire qu'à l'époque où se déroule ce dialogue, la théorie de l'Atman est dépassée. C'est que le bouddhisme s'est répandu et a imprégné tous les débats philosophiques au sein des diverses écoles de pensée.
. . . (Upanishad de 29 pages).
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