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Yama, dieu de la Mort, sur la terrasse du Roi lépreux, à Angkor Vat UPANISHADS MAJEURES Katha Upanishad Upanishad-Conte
Troisième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Krishna Yajur Véda et classée comme Upanishad majeure. Le texte de cette Upanishad est partiellement lacunaire dans sa 1ère partie, les éléments situant le dialogue et le changement de personnage manquaient, ce qui lui donnait une obscurité qui avait - hélas - tissé une réputation bien établie. Je me suis donc aidée, au surplus, de l'excellente version complétée par Swami Nikhilananda, de l'Ordre de Shri Ramakrishna, auteur de nombreux commentaires dans la plus pure tradition de l'Advaita Védanta, et je livre une traduction française plus assurée, plus alerte, et plus attrayante... que cette Upanishad-conte méritait vraiment ! Ainsi éclairée, elle se révèle comme pouvant figurer la majeure parmi les majeures, tant elle fore autour de la question fondamentale : la mort, ou comment faire de cette vie autre chose qu'un passage entre deux morts... Katha signifie « histoire, discussion », les kathakas étaient des bardes, rhapsodes et exégètes des contes tirés des Écritures... Ces contes sont adjoints au Krishna Yajur Véda, dans une section nommée Kathakam, qui inclut également des mantras et des brahmanas. Ce conte-ci pourrait retracer une évolution historique dans la conscience religieuse : si pour l'ancien Brahmane qu'est Vajasravasa, il suffit d'un sacrifice précis pour obtenir la libération, par contre pour son fils Nachiketas, héros de l'Upanishad, les exigences sont plus hautes, on ne peut l'obtenir que par la connaissance, donc par un effort personnel. Et c'est de Yama, dieu de la Mort, que provient la nouvelle gnose : affirmation du Brahman, quête de l'Atman par le culte de l'intériorité et du symbolisme métaphysique, qui depuis lors signe la littérature des Upanishads.
Om ! Puisse-t-Il nous protéger tous deux ! Om ! Que la paix soit en moi !
Adhyaya 1, Valli I - Chapitre 1, Liane I 1-I-1. Un homme nommé Vajasravasa, ainsi va l'histoire, désira un jour accumuler beaucoup de mérite et il accomplit un sacrifice Vishvajit, lequel consiste à faire don de tous ses biens. Or, cet homme avait un fils, nommé Nachiketas. 1-I-2. Lors de la distribution des biens paternels, une grande foi envahit le cœur de Nachiketas, qui était encore un jeune garçon. 1-I-3. Il se dit : Elles ont bu leur dernière eau, brouté leur dernière herbe, épuisé tout le lait qu'elles pouvaient donner et ne vêleront plus jamais, ces vaches que mon père offre ainsi, tant elles sont vieilles ! Ils sont certainement lugubres, ces mondes où s'en ira celui qui fait un tel don ! 1-I-4. Il se tourna subitement vers son père : « Mon père ! À qui donc allez-vous me donner, moi, votre fils ? » Une seconde fois, une troisième fois, il reposa cette question, avant que le père ne réponde : « À Yama, le dieu de la Mort, je vais te donner. » 1-I-5. Nachiketas pensa : Dans la multitude (qui ira vers Yama), je viens en tête; dans la multitude (de tous ceux qui sont allés ou iront vers Yama), je suis au milieu. Mais en aucun cas, je ne puis être le dernier ! Quel sombre souhait du Roi de la Mort mon père sert-il aujourd'hui, en me livrant ainsi à lui ? 1-I-6. Il dit alors à son père : « Regarde en arrière, et vois ce qu'il advint de nos ancêtres; regarde autour de toi, et observe ce qu'il en est de nos contemporains. Comme les céréales dans les champs, les humains mûrissent, tombent, puis renaissent. »
. . . (Upanishad de 12 pages).
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