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Yogi shivaïte assis sur sa peau de tigre, devant un temple - Illustration d'un manuel, XVIIIème siècle
UPANISHADS DU YOGA
Mandala Brahmana Upanishad
Upanishad du Mandala Brahmana
Quarante-huitième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Shukla Yajur Véda et classée comme Upanishad du Yoga.
Non, il ne s'agit pas d'un diagramme magique circulaire (Mandala) pour guider la méditation sur Brahman, lequel est absolument inexprimable même par un graphisme abstrait, mais d'un enseignement ésotérique (Upanishad) extrait d'un Mandala (section majeure d'un Véda), figurant dans le Brahmana (manuel liturgique) du Yajur Véda blanc (Shukla).
Les Brahmanas sont des recueils de textes en prose, où les sacrifices solennels sont expliqués en détail, tant au plan technique qu'au plan du sens mystique. Ils contiennent les germes de la pensée philosophique et des sciences ultérieures : loi, astronomie, géométrie, linguistique, concepts métaphysiques tels que karma, étapes de la vie (brahmacharya, grihasta, sannyasa). Ils incluent parfois des sections qui sont typiquement des Aranyakas et des Upanishads.
Cette Upanishad est demeurée peu documentée : il n'en existe que cette traduction indienne de 1914, sous l'égide de la Société Théosophique d'Adyar, sans commentaires. Concentrée et majoritairement axée sur les techniques de méditation et de visualisation, recourant à un maximum de notions yoguiques sans les expliquer ni les développer, cette Upanishad peut représenter une synthèse parfaite des enseignements pour méditants avancés.
Cette Upanishad a ceci de particulier, qu'elle présente de façon détaillée et chronologique les phénomènes visuels qui accompagnent la méditation, en les distinguant selon trois types de pratique (et de but, correspondant grosso modo à la classification débutant-intermédiaire-avancé). Le yoga ici préconisé est, faisant suite à l'incontournable yoga aux huit membres, une méditation sur son aspect salvateur (Taraka Yoga), utilisant les trois types de visualisation (correspondant aux trois buts : extérieur, médian et intérieur); l'aspect ésotérique en est le yoga de la conscience non-mentale (Amanaska Yoga), qui est l'objet de la voie intérieure (antar lakshya), et que cette Upanishad développe amplement, du Brahmana I.3 au Brahmana V final. Ici, plus nettement qu'ailleurs, la méthode d'enseignement évoque le schéma de la spirale : à chaque palier de l'enseignement, les notions de base sont reprises, pour être portées à un degré supérieur. Car tel est l'état du yogi parfaitement accompli : « Connaissant par expérience l'état au-delà du penseur, le yogi parvient à l'état du suprême Brahman, immobile comme une lampe à l'abri de l'air; il a atteint l'océan de la félicité en Brahman en suivant la rivière du yoga de la conscience non-mentale (Amanaska Yoga), et cela grâce à l'extinction de tous ses sens. Il devient alors comparable à un arbre sec. Avec la disparition du besoin de sommeil et des maladies, avec l'amenuisement de la respiration, il a cessé tout contact avec le monde environnant; son corps demeure toujours stable, il en vient à ressentir une paix absolue, s'étant dépouillé des agitations du mental : il s'immerge au sein de l'Atman suprême (Paramatman). » (Brahmana III)
Om ! Cela est plénitude, ceci est plénitude;
De la plénitude, naît la plénitude.
Quand la plénitude est extraite de la plénitude,
Ce qui reste est plénitude, indéniablement.
Om ! Que la paix soit en moi !
Que la paix gagne mon environnement !
Que la paix soit en les forces qui agissent sur moi !
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BRAHMANA II
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2. Dans l'étape ultérieure (uttara), la lumière se manifeste à l'ouest. Puis se montrent les luminosités du cristal, de la fumée, du son, de la semence, du temps, d'une étoile, d'une luciole, d'une lampe, d'un œil, de l'or, et des neuf gemmes (navaratna). C'est là la forme du Pranava Om. Après avoir uni l'inspir et l'expir, et suspendu le souffle en rétention, on doit fixer son mental concentré sur l'arête du nez; puis on accomplit le sceau des six portails (shanmukhi mudra), on entend alors le son du Pranava Om, par lequel le mental se laisse absorber. Un tel yogi ne ressent plus la nécessité de l'action. L'acte de réciter ses prières quotidiennes aux deux crépuscules s'accomplit effectivement au lever ou au coucher du soleil. Comme il n'y a plus de lever ou de coucher du soleil, et que seul demeure le soleil éternel de la conscience suprême dans le cœur de celui qui possède cette connaissance, le yogi n'a donc plus d'actes à accomplir. Il s'élève au-dessus des concepts de jour et nuit par l'annihilation des perceptions sonores et de la conscience du temps, il s'unit à Brahman au moyen de la sagesse dans tout son épanouissement, après avoir dépassé la pensée (unmani). Grâce à cet état de dépassement de la pensée, il devient un être affranchi du mental (amanaskattva).
Ne pas être troublé par la moindre pensée, voilà ce qui constitue la contemplation profonde. Abandonner tous les actes, voilà l'invocation du dieu. Rester ferme et inébranlable au sein de la sagesse spirituelle, voilà la posture. S'établir dans l'état au-delà du penseur, voilà l'offrande d'eau aux pieds du dieu. Préserver l'état d'intellect sans pensées, voilà l'oblation d'eau. Baigner au sein d'une lumière éternelle et d'un océan de nectar sans rivages, voilà l'ablution rituelle. Contempler l'Atman en tout et en tous, voilà l'onction de parfum sur l'idole. Demeurer dans la vision réelle provenant de l'œil spirituel, voilà ce qui constitue l'oblation de riz non vanné. Atteindre à la conscience suprême, voilà l'offrande de fleurs. Conserver la flamme réelle d'Agni dans la conscience suprême, voilà la fumée d'encens. Le soleil de la conscience suprême, voilà la flamme que l'on balance devant l'image du dieu. L'union du Soi et du nectar de la pleine lune, voilà l'offrande de gâteau de riz. Demeurer immobile dans cet état d'union avec la Totalité, voilà la déambulation autour de l'effigie du dieu. S'emplir de la pensée “Je suis Lui”, voilà la prosternation. Le silence qui s'ensuit, voilà la parole révélée. La plénitude sereine qui s'ensuit, voilà la fin du contact avec le dieu. C'est ainsi que tous les pratiquants du Raja Yoga vénèrent l'Atman. Celui qui possède cette connaissance possède la totalité du savoir.
. . . (Upanishad de 8 pages).
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