UPANISHADS GÉNÉRALES
Śvetashvatara Upanishad
Upanishad du Sage Śvetashvatara
Quatorzième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Krishna Yajur Véda et classée comme Upanishad générale.
Apparue entre 400 et 200 av. J.-C., cette Upanishad est l'une des plus anciennes, et met en scène le sage éponyme Śvetashvatara (“qui possède une mule blanche”) qui expose une doctrine très proche du shivaïsme, et son enseignement tisse un va-et-vient constant entre un Brahman envisagé du point de vue théiste, où Rudra est la figure essentielle, et la notion fondamentale de Maya (l'illusion), tout en ménageant une place importante à la figure personnalisée de Brahman (qui est ici bien moins abstrait que dans les autres Upanishads) et en insistant sur la dévotion, bhakti. Si l'approche est ici moins philosophique, elle est souvent bien plus poétique, et au point de vue stylistique, c'est une œuvre de grande beauté, dont la réputation est bien établie. Parce qu'il relie si exhaustivement le concept de Brahman à la psychologie usuelle de l'être humain, au moyen de nombreuses métaphores empruntant à la vie dans la matière, ce texte peut admirablement accompagner l'aspirant occidental, pris entre ses obligations quotidiennes et sa recherche personnelle.
Il existe une version commentée par Shankara, ce qui incite à la classer parmi les Upanishads anciennes; mais l'attribution de ce commentaire à Shankara est contestée par certains érudits, qui penchent plutôt pour une date tardive d'apparition de cette Upanishad. Peu importe, en réalité, c'est une œuvre puissante, qui, tout en empruntant de nombreuses citations aux Védas et à la Katha Upanishad, développe une approche originale de la transmutation de la bhakti et du théisme en monisme absolu.
Om ! Puisse-t-Il nous protéger tous deux !
Puisse-t-Il nous nourrir tous deux !
Puissions-nous travailler conjointement avec une grande énergie,
Que notre étude soit vigoureuse et porte fruit;
Que nous ne nous disputions pas, et que nous ne haïssions personne.
Om ! Que la paix soit en moi !
Que la paix gagne mon environnement !
Que la paix soit en les forces qui agissent sur moi !
Adhyaya I - Chapitre I
I-1: Ceux qui débattent de Brahman se demandent : Quelle est la cause première ? Est-ce Brahman ? D'où venons-nous ? Par quoi vivons-nous ? Quel est notre séjour final ? Sous les ordres de qui sommes-nous assujettis, ô connaisseurs de Brahman, à la loi de bonheur et de souffrance ?
I-2: Le temps, la nature inhérente (svabhava), la nécessité ou le hasard, les éléments (bhuta), la matrice (d'une femme), ou l'homme (purusha) : aucun d'eux, ni pris en soi ni combinés, ne peut être considéré comme la cause primordiale, en raison de l'existence de l'Atman, au bénéfice de qui ces combinaisons ont été créées. L'Atman non plus n'est pas cette cause, étant sous l'emprise de la joie et de la souffrance.
I-3: Ceux qui ont pratiqué la méditation et le yoga ont vu le pouvoir de l'Atman (Atma shakti), qui appartient au Seigneur* et se voile de ses propres qualités (gunas). Ce Seigneur non-duel gouverne toutes ces causes, du temps à l'Atman.
* C'est le mot Deva, dieu, c.-à-d. entité auto-lumineuse, qui est ici utilisé. Il désigne Brahman avec attributs, Saguna, qui est le Seigneur de la Création opérée par Maya, l'illusion.
I-4: Nous évoquons Brahman comme l'univers à l'image d'une roue qui a une jante munie d'un triple pneu, seize extrémités, cinquante rayons, vingt contre-rayons et six octades; qui est mue sur trois chemins différents au moyen d'une courroie d'entraînement, unique mais néanmoins tissée d'innombrables brins; et dont l'illusion (moha) procède de deux causes*.
. . . (Upanishad de 14 pages).
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